Philippe Rozès

watercolors

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2 mois aux confins de l’Indonésie (oct-nov 23)

Travel blog

Avec Laure, nous avons réalisé entre septembre et novembre 2023 un périple de presque 2 mois aux confins de l’Indonésie. Notre voyage nous a mené des Célèbes, à la Papouasie et aux Moluques.

Nous avons partagé dessins et photos au fil de l’eau sur Instagram (quand la connexion nous le permettait) à l’adresse @philipperozes_watercolor.

J’ai regroupé ici les textes et dessins pour faire le récit en aquarelles de ce voyage de 2 mois à l’est de l’Indonésie.

Les Célèbes et le Pays Toraja

On commence par une petite carte pour ceux qui auraient du mal à nous localiser 🙂

Notre première étape est à Makassar. Re-baptisée puis dé-baptisée Ujung Pandang, cette ville de 1,5 million d’habitants est a priori une anti-destination touristique (trafic infernal, peu de renseignements dans les guides, …). Nous y passons néanmoins deux jours intenses, à reprendre contact avec la douceur indonésienne sur le front de mer, à goûter le soir la cuisine de rue dans les échoppes, à arpenter l’immense marché, à visiter le port avec ses impressionnants bateaux « Bugis », lourds cargos en bois qui assurent encore une part du fret entre les iles en s’aidant à la voile.

Dix longues heures en bus « super_ de_luxe » laissent derrière nous Makassar, port et capitale d’une île immense (1200km), très majoritairement musulmane, pour nous conduire en altitude, à Rante Pao, au pays Toraja chrétiens et animiste.

Quelques pauses dans des lieux improbables nous font oublier la conduite plutôt sportive de notre chauffeur. Nous passons de la plaine côtière aux montagnes, le temps fraîchit (même si c’est relatif en cette fin de saison sèche), la route devient tortueuse et étroite, les églises s’imposent de manière ostentatoire, la sono du bus diffuse des cantiques en continu.

Nous voilà maintenant en pays Toraja pour une semaine. C’est aussi l’occasion de partager nos étonnements.

Premier étonnement : les tongkonans

La région des Célèbes est célèbre pour ces drôles de maisons en forme de bateaux qui semblent tout droit sorties d’un univers de BD. Construites en bois et bambous, avec leurs formes élancées et leurs belles charpentes en bois rouge, elles rappelleraient les origines des habitants qui sont venus de par-delà les mers.

Nous nous attendions à quelques villages « écomusée », mais ces toits étranges et audacieux qui dépassent de la jungle parsèment toute la campagne où se succèdent rizières, forêts de bambous, jungle et falaises.

Ces imposantes tongkonans sont aussi un moyen pour les familles d’affirmer leur statut social dans une société fortement structurée en « castes ». Seuls les nobles peuvent posséder une telle demeure, et le nombre de cornes de buffles sur le pilier frontal, la nature des dessins qui ornent les panneaux de bois indiquent selon un code strict la position sociale du clan qui la possède. Il y a ici de quoi occuper plusieurs générations d’ethnologues !

Nous étions prévenus, mais le rapport des Torajas à leurs morts aura vraiment été un étonnement pour nous.


Dans les cimetières, les cranes s’alignent. Macabre… mais beau sujet graphique pour cours de dessin.
Dans les maisons les corps des défunts embaumés vivent des mois avec la famille (!) le temps de regrouper l’argent et d’organiser les funérailles « énormes ».

Dans la forêt, fusion avec la nature, les troncs de grands arbres à sève blanche servent de sépulture à de très jeunes enfants décédés (les « baby graves »).

Les Torajas utilisent leurs falaises comme nécropoles.

Les lieux, souvent noyés dans la jungle ont une atmosphère très Indiana Jones.

Les tau-tau, des effigies sculptées à l’image des défunts, veillent sur les lieux. Il faut toutefois être noble pour que son tau-tau siège au balcon…

Bori Parinding est un des sites funéraires Toraja réputé qui mêle des tongkonans et des sortes de menhirs représentants des nobles décédés et inhumés.

Cet endroit s’embrasse d’un seul regard. Il dégage une atmosphère sereine et belle, rappelant les univers de Miyazaki.

Les menhirs gris rugueux recouverts de lichens, très graphiques et dispersés au milieu de quelques jolies maisons avec en arrière plan la forêt de bambous et les chemins qui y mènent confèrent à ce lieu une atmosphère à la fois mystérieuse et sereine.

Caché dans la forêt, un grand arbre abrite des « baby grave ».

Rajah Ampat (Papouasie)

A l’issue d’un voyage de 3 jours, nous sommes bien arrivés à Raja Ampat. Archipel aux 1500 îles, en Papouasie, aux confins de l’Indonésie.

Sentiment d’être au bout du bout du monde!

Merci @patrick_sordoillet pour les conseils éclairés.

Merci à Nus homestay @nus_raja_ampat pour l’ accueil les pieds dans l’eau ?

À Raja Ampat la plupart des guesthouses proposent des maisons sur pilotis.
Pour nous c’est une première et en quelque sorte un privilège.

Les opportunités depuis cette maison perchée sur l eau sont multiples. Regarder la vie autour de la passe entre l île de Kri et l île de Mansuar , contempler les incroyables couchers de soleils à 18h chaque soir, se perdre dans l immensité de la voute céleste chaque nuit, vivre au rythme des deux marées qui ponctuent chaque jour passé ici, regarder les changements des couleurs de la mer…

Ces petits homestays sont installés en bordure de jungle. Les chambres, toutes sur le même modèle, sont un assemblage de bois et de feuilles de cocotiers. Elle sont reliées par un étonnant réseau de pontons qui semblent un peu précaires. Le tout est haussés sur des forêts de fragiles pilotis.

L’ensemble doit être rénové régulièrement au gré des tempêtes. Mais la météo du mois d’octobre est clémente ?

Dimanche matin, au pied de notre ponton un équipage de gamins embarque sur une minuscule pirogue à balanciers. Les enfants s’amusent mais l’expédition a l’air sérieuse.

Après quelques allers retours / préparatifs, ils s’élancent et disparaissent derrière le petit cap dans la jungle qui boucle la baie.

Surprise: la joyeuse bande réapparaît triomphante et bruyante au coucher du soleil. Elle alerte la côte sur son précieux butin: une guirlande de poissons, des balistes multicolores.

Est-ce le capitaine du frêle esquif ou l’un des membres de l équipage que j’ai portraituré? En tous cas elle était fière de sont trophée et rayonnante.

Aujourd’hui, nouveau départ de la pirogue au milieu des rires,  l’après-midi (il n’ y a école que le matin). Nous attendons le retour… Les balistes n’ont qu’à bien se cacher !

La vie sous-marine de Raja Ampat est exceptionnellement riche. Au-delà de ce que nous avions imaginé.

Commençons le tour du récif par les tortues.

Sur le récif du petit viĺlage Sawandarek, au pied de notre chambre, nous en croisons trois ou plus à chaque sortie, de toutes tailles.

Quand on croise une tortue : s’approcher (elle n’a pas peur), la regarder manger le corail au milieu des poissons, la prendre en photo, la suivre jusqu’à ce qu’elle remonte respirer, faire une vidéo, recommencer.

Ici c’est dimanche le jour du Seigneur, il ne se passe plus rien chez les papous massivement christianisés.

Du coup on traîne en regardant les bébés requins et les carangues harceler les bancs de poissons sous notre ponton. Pour la première fois de notre séjour ici il pleut.

Hier ayant demandé à aller voir les crabes de cocotier (la guesthouse participe à un programme de protection de la dite bestiole délicieuse dans les assiettes semble t il?) nous nous sommes retrouvés dans une vaste expédition nocturne au bout de l’île que le propriétaire avait copieusement parsemé de noix de coco. Sortie de nuit dans la moiteur étouffante de la jungle…

Au début les spécimens étaient petits et ressemblaient vaguement à un gros bernard l’hermite mais ensuite nous avons découvert des individus énoooormes qui pour certains se battaient, créatures d un autre âge et potentielle source d’inspiration pour des cinéastes (Starshiptroopers ou autre…) et autres auteurs d’heroïc fantasy.

Le bleu électrique et les teintes marron de l’animal sorti du fond des ages font un bon sujet graphique.

Le récif est décidément graphique : une rapide aquarelle d’un baliste clown qui porte bien son nom, et pour le plaisir, des photos de quelques-uns de ses voisins de quartiers.

Une vue du village de Sawandarek avant de le quitter.

Aux Raja Ampat, pas de voitures, pas de metro. On circule en bateau. Pour aller au village voisin, à l église, à l école ou au prochain homestay. Que le trajet soit de 200m ou de 30km comme pour venir dans les iles Pam, il y a quelques jours. Que la mer soit d’huile ? ou bumpy-bumpy?.

Ce matin Harris le patron de notre homestay et sa nièce sont venus nous chercher pour un court transfert dans les îles Pam qui nous fait passer d’un bras de mer dans la jungle et la mangrove (magnifique mais un peu oppressant) à notre nouvelle île très plate (comme ses voisines/future Atlantide?) et frangée de cocotiers. Face à nous le village de Pam et son improbable antenne 4G.

Merci à Harris et sa famille @bau_homestay qui s’occupent si bien de nous durant ces trois jours au bout du monde.

Nous voici maintenant au Bau Homestay, @Bau_homestay, le point le plus avancé de notre périple dans les Raja Ampat.

Bau veut dire raies manta, nous sommes venus pour cela. Et il y a des mantas!

Des « Alfredi », qui ne mesurent « que » 5m à l’âge adulte, et restent dans une zone (nos îles Fam). Elles passent le soir en face de notre guesthouse pour faire des ronds, encercler, concentrer le planctons, et déguster sans modération.

Nous les avons photographiées, filmées et dessinées. On ne se lasse pas de leur vol. Les grosses passent leur chemin mais les « petites » (de 2m)  sont curieuses et viennent nous voir … La rencontre improbable est fascinante presque dérangeante. Ces grandes raies sont réputées intelligentes et semblent vouloir établir le contact avec nous.

Note : L’Indonésie est le plus grand sanctuaire de mantas. Les manta sont protégées. Le gouvernement indonésien a calculé qu’une manta pêchée rapporte 400€ au pêcheur, et vivante 900.000€ en revenus du tourisme. Espérons que la loi du marché continuera longtemps à assurer leur protection.

#### ATTENTION ça pique !!! ####
L’ensemble du récif est urticant et la règle est de ne surtout rien toucher. En la matière, le corail de feu est bien nommé et a une solide réputation.

Certains poissons sont même venimeux. Voire très venimeux. Et parmi ceux-ci on voit deux stratégies opposées : les uns le font savoir d’une manière limite excentrique, les autres jouent le mimétisme et se font oublier, attendant leur heure.

Encore une occasion avec les bénitiers d’utiliser des superlatifs pour évoquer les fonds marins des Raja Ampat. Les bénitiers sont réputés être les plus grands coquillages au monde. Et les spécimens observés en barbotant autour de l’île d Arborek sont juste énooormes… ce sont des bénitiers géants qui peuvent dépasser le mètre cinquante d’envergure et ceux là ne sont certainement pas loin du but.

Les textures et les couleurs fluorescentes de la chair du bénitier sont superbes et les teintes de ces « robes » sont variées et parfois psychédéliques. (elles sont dues à une symbiose avec une algue). Beau sujet graphique encore une fois…

Les bénitiers ne vivent pas en Atlantique. Aussi étaient-ils des objets précieux il y a quelques siècles. Un ancêtre de ces bestioles a d’ailleurs été décoré par Pigalle et fournit l’eau bénite aux paroissiens de Saint-Sulpice.

Sujet graphique quelque peu galvaudé …il n empêche… En lambinant au dessus du récif on ne peut s’ empêcher de les regarder se vautrer dans leur anémone ou faire mine de vous attaquer si vous osez approcher.

Les modèles de poisson sont nombreux et les anémones plus belles et colorées les unes que les autres. A chaque anémone sa petite famille qui vit en symbiose avec elle.

Renseignements pris : chaque famille sur son anémone est composée d’une grosse maman, d’un petit papa et des petits mâles en devenir qui attendent leur tour. Quand la maman meurt, l’un des mâles se transforme et devient à son tour la maman dominante.

Dès que nous avons la chance de loger à coté d’un village dans les Raja Ampat nous rencontrons des ribambelles de gamins avenants curieux et dotés d’ une irrésistible joie de vivre. Ils sont choyés par leur famille.

Quand il n’ y a pas école, il investissent la plage pour des parties de foot endiablées, les pontons pour des plongeons acrobatiques et le lagon où tout fait office d’embarcation de fortune (planche de polystyrène, pirogue bricolée ou simple bout de bois)….

Quand nous discutons avec eux, nous échangeons nos prénoms et sommes catalogués comme originaires du « pays de Mbappé « ?

Ibu veut dire « mère » en Indonésien.

C’est aussi une sorte de signe de ponctuation que l’on ajoute en début de phrase pour marquer son respect à notre interlocutrice, dans un pays où la moitié de la population a moins de 30 ans.

Nous sommes à Arborek et « ibu » tresse un chapeau avec les feuilles d’un cocotier qui pousse sur la petite île sablonneuse.

Vous êtes au bout du monde, entre jungle et récif, à deux heures de bateaux du premier bourg et il vous manque un produit indispensable : l’un des tokos (petits magasins) du village disposent de tout le nécessaire à la vie courante et vous apportera la solution.

Tout y est soigneusement présenté dans une pièce de seulement quelques mètres carrés. Tout y est rangé selon un ordre précis.

Le toko est impeccablement propre (on est d’ailleurs prié de laisser ses chaussures à l’entrée).

L’essentiel est proposé en doses unitaires qu’il s’agisse de shampoing, de café, de lessive, d’antimoustique… doses qui pendent du plafond en longues bandes aux couleurs clinquantes que l’épicier découpe d’un coup de ciseaux précis.

Dans les tokos on trouve aussi du paracétamole, des antibiotiques, des sparadraps … proposés à l’unité. Sans oublier évidemment les grands bocaux de friandises qui attirent les enfants. Et on peut aussi y acheter des crédits pour son téléphone. Les tokos semblent ouverts à toute heure, même le dimanche.

Nous sommes bien loin des rayons sans fin de nos supermarchés. Le magasin est frugal, comme la vie des villageois de Raja Ampat, mais l’esthétique est soignée, la propreté irréprochable, l’utilité incontestable, et l’épicier est fièrement installé derrière son comptoir.

Les jetées :
Nous quittons les Raja Ampat après plus de 3 semaines d’île en île.

C’est l’occasion de faire notre top des paysages sous marins des jetées et autres quais de Raja. Le sujet peut sembler surprenant… mais les jetées des petites îles sont des lieux de vie fascinants.
Tant au-dessus comme lieu de socialisation et terrain de jeu surtout le soir. Qu’au-dessous avec la forêt des piliers le plus souvent en bois qui créent un paysage sous-marin fantasmagorique et un peu inquiétant.

Les plus récentes sont colonisées en quelques années par le corail mou, les éponges et les gorgones (mention spéciale pour Arborek).

Les plus anciennes sont devenues de vraies cathédrales de corail truffées de vilains poissons (mention spéciale pour la jetée du village de Pam méconnue).

Abri pour les poissons (parfois lieu de nourrissage) toutes attirent des grands bancs de poissons curieux et des requins gourmands (mention spéciale pour Sawandarek, sur l’île de Mansuar ).

Oour conclure sur les Raja Ampat, nous évoquons les guest houses et les hôteliers qui nous ont accueillis simplement, presque toujours au-dessus de l’eau dans des endroits reculés, au bord de la jungle, magnifiques et plus incroyables les uns que les autres ?

Parfois nous étions nous et eux « lost in translation », souvent ils étaient notre seule « ressource » et « contact au monde » dans des endroits totalement isolés. Certains étaient papous, d’autres originaires d’îles voisines comme Timor.

Merci à Nick, Bani, Harris, Keti d’avoir accepté de poser …et dont voici les portraits.

Banda Neira (et les Moluques)

En route pour les Moluques!

Il nous aura fallu 3 jours pleins pour passer d’un bout du monde (notre ponton dans les Raja) à un autre (Banda Neira dans les Moluques).

La dernière étape a été la plus épique sans conteste!!

« We connect we unify » : c’est le slogan de la Pelni (la compagnie maritime nationale indonésienne de transport de passagers, une des dernières de ce genre au monde).
Pour atteindre les îles Banda notre  destination nous n’avons eu d’autre choix que de monter à bord du Nggapulu un des gros navires de la compagnie qui peut accueillir 2100 passagers (probablement plus ce jour là) .

Commençons par une carte à nouveau pour se repérer : les îles de Banda Neira et Banda Besar (la grande île de la muscade) se lovent autour du Gunung Api.

Ces îles volcaniques, montées des profondeurs de l’océan, affirment dans leurs formes les forces de la nature qui s’expriment ici, à commencer par le Gunung Api, sorte de mont Fuji miniature, dont la dernière éruption date de 35 ans seulement et a laissé sa marque sous forme d’énormes coulées de lave qui descendent jusqu’au corail.

L’espace entre les îles forme une jolie rade protégée des tempêtes et qui s’anime toute la journée. Devant la masse imposante du volcan, petits et gros bateaux vont et viennent, s’amarrent aux quais ou trouvent un mouillage. Coques de noix, pirogues de course, bateaux à moteurs de toutes sortes, voiliers, bateaux bugis restaurés pour les croisières de plongée, jusqu’aux grands navires de la Pelni.

Ici un cargo joliment amarré dans le port de Banda Neira.

Nous voilà donc aux îles Banda, petits bouts de terres volcaniques isolés émergeant du Pacifique qui furent pourtant au 16ème et au 17ème siècle un enjeu stratégique majeur. L’Histoire imprègne encore ces îles et leur donne un charme fou.

Elles étaient alors les seules îles à produire de la muscade, épice très recherchée qui s’échangeait alors contre son poids en or. Une véritable guerre des épices vit s’affronter ici les grandes puissances européennes.

Les Portugais, puis les Hollandais, mirent toute leur énergie à établir le monopole de cette épice. C’est pour la muscade que Magellan conduisit le premier tour du monde à la voile.

C’est aussi pour la muscade que les hollandais massacrèrent les malheureux habitants de ce magnifique archipel (un génocide organisé par la VOC qui extermina 15000 bandanais).

Ils restreignirent la culture du muscadier dans les îles Banda, d’où il était originaire, arrachèrent les arbres des îles voisines, et passèrent toutes les noix à la chaux pour n’exporter que de la muscade dont le germe était détruit.

La noix de muscade est l’amande de la graine du muscadier. Ressemblant à un abricot jaunâtre, le fruit frais du muscadier contient une graine enveloppée dans un arille formant un réseau de filaments rouges, appelé aussi « fleur de muscade » ou macis, lorsqu’elle est séchée et réduite en poudre.La noix de muscade a un arôme puissant, chaud, musqué et un peu sucré et le macis est plus délicat, fruité et légèrement amer.

La culture des muscadiers est encore une activité agricole importante dans l’archipel.
Les plantations sont superbes car pour offrir l’environnement ombragé nécessaire aux muscadiers on a fait pousser de superbes « kénaris » arbres multicentenaires gigantesques et majestueux.

Partout dans les villages on peut observer les graines et le macis en train de sécher.

L’architecture coloniale est toujours visible au hasard des rues endormies et fleuries de la ville. C’est un peu un musée en plein air. De gros canons du 17ème siècle trainent ici et là.

À l époque néerlandaise, les planteurs (perkeniers) se ruinaient littéralement pour maintenir un mode de vie à l européenne, et ce même si la fin du monopole de la noix de muscade rendait la chose presque impossible.

La plupart des guest houses ont investi ces demeures pleines de charme.

Nous sommes dans un style très différent des cabanes en bois au-dessus de l’eau des Raja Ampat :-).

Témoins de la  » guerre des épices » qui opposa l Angleterre et les Pays Bas aux îles Banda, les îles Banda offre un musée colonial à ciel ouvert.

Dans ce petit archipel, chaque île possède les restes des forts construits au début du 17eme siècle par la VOC. La VOC était la compagnie maritime hollandaise, société par actions, précurseur du capitalisme et entreprise multinationale qui exploita ces îles de manière violente pour y installer un monopole des épices.

Le fort Concordia (1630, sujet de l’aquarelle du jour) est le deuxième fort de Banda Besar. Il est négligé par les guides touristiques et envahi par la végétation. Les canons traînent au milieu des herbes.
Face à la mer, les racines d’arbres géants s’incrustent dans ses murailles façon Angkor et donnent une mesure du temps.

Deux options au crépuscule à Banda Neira : siroter une bintang ? en regardant les bateaux passer au pied du Gunung Api ou descendre barboter au pied de l’hôtel en slalomant entre les bateaux amarrés, les plongeurs et les petites murènes pour aller admirer le poisson mandarin. Au milieu des rochers et à l’abri au milieu des oursins diadème vit ce petit poisson multicolore qui sort quand le soleil se couche.

Chaque individu possède son propre design flashy. Ceux de Banda Neira ont été identifiés et cartographiés (ils seraient 200).

Synchiropus splendidus le bien nommé , n’est qu’ une des nombreuses créatures bizarres croisées lors des snorkels dans les îles.

Ambon, principale île des Moluques a été notre dernière escale avant de rejoindre Jakarta puis Paris.
Nous voilà installés dans le restaurant du @cityhotel.ambon qui offre un panorama magnifique sur la rade enserrée entre l’île et la presqu’île.

La ville Kota Ambon garde un charme languide.
Nous avons entrepris un tour de l’île où la végétation filtre la lumière le long d’une suite de villages côtiers hors du temps. Après des années sombres de violences inter religieuses Ambon est redevenue un endroit délicieux: vieille forteresse hollandaise, mosquées dorée ou couverte de chaume, plages superbes où les locaux rigolards en goguette font des tours de banana boat …
Cette dernière étape aux Moluques coche, une fois encore, la case « très belle surprise ».